Transformer une vitrine en œuvre d’art, sublimer une marque à travers la lumière, la matière et l’espace : c’est le défi qu’a relevé Anaïs, future scénographe formée à l’école d'architecture d'intérieur École Bleue. À travers un projet audacieux inspiré de l’univers de Paco Rabanne, elle nous ouvre les portes d’un métier encore méconnu, au croisement du design, du théâtre et de la mode. Rencontre avec une créatrice en devenir.
Plonger dans l’univers de la scénographie : le témoignage d’Anaïs, étudiante à l’École Bleue
À l’école d'architecture d'intérieur École Bleue, l'une des rares écoles en France à proposer une formation aussi complète en scénographie, les étudiants apprennent à transformer les espaces en véritables expériences visuelles et émotionnelles. Anaïs, étudiante en quatrième année, partage son tout premier projet de diplôme, une immersion passionnante dans le monde de la scénographie de vitrine, en collaboration avec le Bon Marché.
La scénographie, c’est l’art de mettre en scène un espace, que ce soit pour un théâtre, une exposition, un défilé de mode ou ici, des vitrines de magasin. Le scénographe imagine, conçoit, puis concrétise des ambiances visuelles capables de raconter une histoire, de faire vivre une marque ou de transporter un public. C’est un métier hybride, à mi-chemin entre l’architecture, le design, l’art et le spectacle.
Dans le cadre de son projet, Anaïs a dû concevoir la scénographie de cinq vitrines du Bon Marché, un grand magasin parisien reconnu pour sa mise en scène artistique. Pour cela, elle a choisi de travailler sur la marque de parfums Rabanne, récemment relancée avec une nouvelle collection en 2024.
Ce qui l’a fascinée chez Rabanne ? Le travail des matériaux innovants. « Paco Rabanne ne travaillait pas les tissus classiques comme la soie, mais des matériaux comme le métal ou le plastique. On l’appelait même le métallurgiste de la mode », explique-t-elle. C’est cette audace créative qu’elle a voulu retranscrire dans son projet.
Pour donner vie à cette vision, Anaïs a mené une exploration plastique approfondie. Elle a expérimenté le cuivre, un matériau choisi pour ses reflets et sa capacité à interagir avec la lumière. Elle l’a froissé, tressé, découpé, testé à plat et en volume. Ce travail de recherche s’est accompagné de croquis, maquettes, plans de coupe et mises en couleur, pour comprendre comment la matière et la lumière peuvent guider le regard du spectateur.
« L’objectif, c’était de créer du mouvement visuel, d’influencer la façon dont le spectateur perçoit les vitrines, en jouant avec les perspectives et les effets de lumière », détaille-t-elle. Ce type d’approche est typique de la scénographie contemporaine, qui ne se contente pas de décorer mais met en scène.
Ce premier rendu n’est qu’une étape : le jury blanc. Anaïs a encore plusieurs semaines pour affiner son projet avant le jury final en juin, une étape clé pour valider son diplôme. Cela implique de réinterpréter certaines idées, d’approfondir la narration visuelle, et surtout de proposer un projet professionnel crédible, à l’image des standards exigeants de l’école d'architecture d'intérieur École Bleue.
La formation en scénographie à l’école d'architecture d'intérieur École Bleue est pluridisciplinaire : elle mêle design d’espace, maquette, culture artistique, expérimentation des matériaux, et surtout une immersion régulière dans des projets concrets en lien avec des partenaires professionnels. Les étudiants sont formés à devenir des créateurs capables d’inventer des univers, de concevoir des installations et de collaborer avec des marques, des musées ou des institutions culturelles.
Pour Anaïs, ce projet est bien plus qu’un exercice : « C’est un hommage à un créateur et une opportunité de se mesurer à la réalité du métier ». Et pour tout lycéen passionné par l’art, le design ou la mise en scène, la scénographie est une voie à explorer, entre créativité, technique et narration visuelle.